Matisse Julien a du mal à contenir ses larmes, après avoir franchi la ligne de la première étape de la Ronde de l’Oise. Le coureur d’Ecoflo Chronos s’est imposé pour la première fois sur le sol européen (voir classement). "C'est un soulagement, ça a été une saison difficile quand même. Je suis ému, les deux dernières années j'ai passé maladie après maladie. Avec les hivers loin de la maison ça a été dur. C'est un aboutissement, c'est incroyable". Bien que Canadien, il était un peu un local de l’étape. "Avec l'équipe on habite ici, on roule sur ces routes chaque jour. Cette étape était celle qu'on connaissait la mieux, on passait devant le service course deux fois". Les coureurs de la Conti outre-Atlantique connaissaient chaque virage, chaque secteur, chaque kilomètre par cœur.

« JE CROYAIS QUE QUELQU’UN M’AVAIT ACCOMPAGNÉ »

Pas étonnant alors de voir les maillots bleus prendre leurs responsabilités. "Personnellement ça a été la course parfaite. Les coéquipiers ont fait les efforts, je suis resté au chaud quand il y a eu le vent, quand on s'est rapproché de l'échappée. J'avais les bonnes jambes pour faire le jump". Une fois devant, le plus dur était loin d’être fait. "Il fallait être stratégique, choisir qui suivre. Je connais bien la montée, je la fais en entrainement chaque semaine". Mais avant de monter, il fallait descendre. "On s'est attaqué dans la descente, à quatre kilomètres du but un mec de Metec et Lenaic (Langella) ont pris les choses en main. Si on arrivait au pied à 10 secondes de mecs devant, ils n'avaient aucune chance". Les attaquants n’ont pas eu le temps d’y croire, alors que la bosse se profile.

Matisse Julien connaissait tout de cette arrivée à Clermont. "J'ai tellement fait d'efforts dans cette bosse cette année, en vue de cette étape. À ce moment tu débranches le cerveau, tu mets tout ce que tu as. Tout le long, avec les bruits de roue, de chaine, je croyais que quelqu'un m'avait accompagné. Je me suis retourné aux 150 mètres et il n'y avait personne. C'était incroyable, c'est la première fois que je lève les bras en Europe, et en senior tout court. Ça faisait longtemps, ça fait du bien". Le natif de Laval, au Canada, s’est rappelé à de bons souvenirs en Europe. "J'avais fait des courses en France, comme la Ronde des Vallées, en Espagne, des bons résultats au GP Rüebliland...". Mais ensuite, tout ne s’est malheureusement pas passé comme prévu. "J'ai eu une fin de cursus Junior difficile, j'ai enchainé plusieurs chutes avec des points de suture, je n'arrivais plus à m'entrainer".

« ON PREND TOUJOURS HUGO HOULE EN EXEMPLE »

Seulement Espoir 2, Matisse Julien est alors récupéré par Jean Bélanger et Hugo Houle pour intégrer Premier Tech U23, en 2022. "L'année passée je sentais que par moments j'avais ce qu'il fallait pour être devant. Mais j'ai été malchanceux. Au Tro Bro l’an passé, je finis avec le deuxième groupe, et je me prends un problème intestinal qui m'a foutu en l'air la moitié de la saison. Cette année j'ai encore été malade quatre ou cinq fois, j'ai pris des antibiotiques pour des infections à la gorge et au nez". Il espère toutes ses galères derrière lui. "Ça fait quelques semaines que l'été arrive, je me sens bien, je fais des bons entrainements".

Arrivé au vélo à l’âge de 12 ans, il a partagé les mêmes couleurs que Robin Plamondon, son compatriote qui évolue désormais au CIC U Nantes Atlantique. Sur cette étape de la Ronde de l’Oise, il était en terrain favorable. "Mes capacités sont plus le punch, et je suis capable de grimper un peu aussi. Mais les longs cols peuvent être durs. J'espère me développer en coureur capable d'être à l'aise sur les courses par étapes sur quelques jours. Sinon un bon coéquipier quand c'est plus long". Son coureur modèle est un exemple souvent donné par les Canadiens. "Nous, on prend toujours Hugo Houle en exemple, qui est équipier modèle. C'est ça qu'on vise, et si ça peut arriver, ça serait le rêve". Matisse Julien a montré ce jeudi qu’il avait des qualités pour attendre encore mieux.